Le Moyen-Age et l'Epoque Moderne
Au
débouché du pont de Charenton, mentionné
dès le VIIe siècle dans la vie de Saint-Merri, se
fixa dès le Moyen-Age, sur la rive droite de la Marne,
le Bourg-du-Pont ou Bourg-de-Charenton. A cheval sur la paroisse
de Charenton-Saint-Maurice pour sa partie orientale et sur celle
de Saint-Pierre de Conflans, pour son secteur occidental, le Bourg-du-Pont
était défendu par la garnison permanente installée
au Séjour du Roi (square Jules Noël), résidence
royale érigée en ce lieu par les Capétiens,
ainsi que par une enceinte remontant de la Marne, enceinte qui
sera démolie au cours du XVIIIe siècle.
Centre
actif de la paroisse de Conflans, il fut doté au XVIIe
siècle d’un marché hebdomadaire, d’une
poste aux chevaux, de la Justice de Paix. Il devait l’essentiel
de son activité à la présence d’auberges,
cabarets e t autres débits de boisson, nombreux sur le
chemin de Paris.
A
son extrêmité occidentale, à l’emplacement
de la place de Valois, la Marquise du Plessis-Bellière
avait fait construire en 1640 un hôtel qui ouvrait sur la
vallée de la Marne. Il fut démoli en 1937.
La
porte fortifiée du Bourg franchie, sur le chemin de Paris,
le Pavillon du Cadran dominait depuis le XVIe siècle le
paysage charentonnais. Il devait être reconstruit au début
du XVIIe siècle. C’est aujourd’hui l? 7;Hôtel
de Ville de la commune.
Le
long de la Marne et de la Seine, axe fluvial selon lequel se développa
Charenton jusqu’au XIXe siècle, en contrebas de la
falaise qui domine la vallée, se déploya un hameau,
dénommé les Carrières ou les Carrières
de Charenton . Son rivage, site naturel de déchargement,
servit très tôt au commerce des vins, bois flottés
et blés alimentant les moulins de la contrée. L’importance
croissante de la navigation en assura dès le XVIIe siècle
l’essor économique. Sur la partie occidentale du
Séjour du Roi, les Carmes déchaussés de Paris
établirent en 1617 un couvent, à proximité
du rivage de la Marne.
La
beauté du site, la construction d’élégantes
demeures à l’ouest du hameau attirèrent aristocrates
et riches bourgeois parisiens qui en firent un lieu de villégiature
renommé. Le peintre Fragonard y acheta une maison le 4
Juillet 17 82.
A
maintes reprises, François boucher vint y poser son chevalet.
La nature particulièrement généreuse, ainsi
que la richesse et la diversité des rivages charentonnais
lui inspirèrent plusieurs Pastorales constituant autant
de variations sur le th ème des moulins. « Le Moulin
de Quiquengrogne à Charenton » daté de 1739,
qui semble être la première représentation
non italianisante d’un paysage par le peintre, appartient
à cet art de la Pastorale.
A
l’extrémité de ce hameau, dominant le confluent
de la Seine et de la Marne, le village de Conflans, voué
à la vie religieuse et aristocratique, offrait un saisissant
contraste avec les Carrières. Siège de la paroisse,
l’église Saint-Pierr e, établie dans le lieu
depuis le Moyen-Age dressait son clocher au nord du château.
Attestée
depuis le XIVe siècle, l’ancienne résidence
de Mahaut d’Artois, des ducs de Bourgogne, de Villeroy ministre
d’Henri IV, enfin des archevêques de Paris de 1673
à la Révolution, jouissait d’une splendide
vue su r la Seine depuis ses jardins en terrasses.
A
l’est du château et de l’église Saint-Pierre,
les Bénédictines de Lagny avaient établi
en 1653 un couvent et un pensionnat pour les jeunes filles de
la noblesse, dont subsiste, remanié au XIXe siècle,
le bâtiment d’origin e, au cœur de son écrin
de verdure, le Parc du Séminaire de Conflans.
Plus
au nord, les Lazaristes de Paris possédaient une maison
des champs (ZAC Pasteur).
La
Révolution confisqua l’ensemble des propriétés
du clergé, château et couvents, qui furent morcelés.
Au
delà de Conflans, le long de la Seine, un vaste domaine,
ainsi que ses dépendances constituait Bercy et venait buter
contre l’enceinte de Paris. A la conquête d’espaces
nouveaux, la capitale en repoussa les limites à maintes
reprises, di minuant ainsi peu à peu le domaine de Bercy,
réduisant d’autant le territoire de la paroisse de
Conflans, puis celui de la commune de Charenton-le-Pont, après
la Révolution. |